DERRIERE LA FENETRE ou la vie en maison de retraite !!!

Publié le par c.donadello

 

 

derriere la fenêtre

 

 

Assise dans un fauteuil, derrière la fenêtre,

Elle regarde la mer qui s'en va dans le soir.
Elle n'a pas dit un mot de toute la journée,
Ses yeux sont dans le vague, les vagues de la mer,
Son âme est repartie dans sa plus tendre enfance,
Et glisse en silence vers sa belle jeunesse.


Dieu ! qu'elle était jolie dans sa longue robe blanche,
La vie lui souriait, le bonheur était là
Qui allait l'emporter sur les flots de l'amour.
Trois enfants sont venus égayer la maison,
En apportant la joie, les rires et les cris.
Des années de labeur…, des années de bonheur…
Ils ont grandi trop vite, trop vite ils sont partis
A courir les chemins et vivre leur destin.

 

Ils venaient quelquefois, en période de vacances,
Avec tous leurs petits, profiter de la mer.
Pendant ces quelques jours la maison revivait.
Cela la fatiguait, mais elle était contente.
Les années ont passé, les petits ont poussé,
Le travail, les soucis, la vie tout simplement,
Ont hélas espacé les visites des enfants.


Et il y eut ce jour, ce jour qu'elle maudit,
Qui lui a enlevé brutalement son mari,
Un stupide accident a brisé leur amour.
Elle se retrouve seule, éplorée et perdue,
Dans une maison vide. A quoi ça sert de vivre ?
L'âge, la maladie, l'absence des enfants,
Tous les beaux arguments qui étaient avancés,
L'ont amené bien vite à venir s'installer
Un peu contre son gré, en maison de retraite.


Et depuis elle est là, derrière la fenêtre,
A regarder la mer qui s'en va dans le soir.
Toutes les belles paroles, toutes les belles promesses
Se sont vite envolées à l'épreuve du temps.
La solitude pèse sur ses frêles épaules.
Les autres pensionnaires, compagnes d'infortune,
Sont perdues dans leurs rêves ou dans leur désespoir.
La tristesse se lit dans les yeux des grands-mères
Qui partagent avec elle cette vie de misère.
Elle se sent bien seule dans cette vaste maison
Et a vite perdu ses dernières illusions.


Les visites des enfants, elle en a rarement,
Elles se passent toutes bien trop rapidement,
"Tu comprends bien, maman, on a guère le temps… !"
Les coups de téléphone se font rares eux aussi,
Et depuis fort longtemps elle n'a plus de courrier.
Elle n'a aucune envie, elle n'a aucun espoir,
Elle attend simplement que le Bon Dieu l'appelle.

Alors elle reste là, derrière la fenêtre,
A regarder la mer qui s'en va dans le soir.

 

 

C.DONADELLO, mis en ligne le 12/01/2012 (poème écrit en juin 2003)

Publié dans POEMES

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